samedi 12 septembre 2009

Retour a l'ouest


Voila, toujours plus a l'est se termine, ici a Delhi, la tête remplies de sublimes images après notre escapade himalayenne.

Fin du voyage, les fesses rabotées par 25000 km assis sur un siège de voiture, de train, de taxi, de bateau (sans compter l'avion).

Fin du voyage mais des pépites plein la tête pour les années a venir. Depuis 5 mois nous aurons vraiment eu l'impression de vivre 2 min a la place d'une. Impression aussi de rentrer bien moins stupides que lorsqu'on est parti. Le monde est fou mais intéressant et mérite d'être visité quand on en a l'opportunité, mais les opportunités se méritent et se construisent. Le tout est de s'en donner les moyens.

Voyager par la route nous aura permis de faire des ponts entre tous ces pays qui relient la France et l'Inde, de tenter de comprendre cet imbroglio de religions et de cultures que l'on aura croisé. Pour Céline, ce fut l'occasion de piquer discrètement quelques idées en terme de réalisations vestimentaires même si dans certains pays, les mosquées étaient plus originales que les vêtements (on vous laisse deviner ou...).

Un immense merci a tous ceux que nous avons rencontré lors de ce périple, a tous ceux qui nous ont ouvert leur porte et donné une bonne leçon d'hospitalité, nous essayerons de leur faire honneur en France. Ils nous ont aussi aidé a comprendre davantage leur culture et leur pays, de "spectateurs" nous sommes devenus avec eux "interlocuteurs". "Passer", c'est toujours un peu court pour saisir la réalité des choses, mais prendre le temps d'écouter et de regarder vous permet d'en savoir un peu plus tout de même.

Merci aussi a tous ces gens irrespectueux, vulgaires, malpolis, malhonnêtes, que nous avons aussi croisés. Ils nous ont montré qu'il n'y a pas une seule et unique manière de vivre le monde et les rapports humains. Nous étions simplement de simples français en vadrouille, avec une éducation bien de chez nous, et une culture bien de chez nous. Si la théorie est belle, nous sommes bel et bien tous différents et malheureusement loin d'être égaux.
Nous sommes très heureux d'avoir vécu ce voyage, nous sommes encore plus conscient de la chance qui est la notre d'être né en France et d'avoir les soucis dérisoires qui sont les nôtres.

Et puis merci a vous lecteurs qui nous avez suivi tout au long de ces 5 mois. Nous espérons vous avoir fait partager un peu de ce voyage. Merci pour tous vos petits messages d'encouragements qui ont toujours fait du bien au moral. A la plume c'était souvent monsieur et parfois madame, a la boite a clic c'était souvent madame et parfois monsieur.

A votre tour maintenant, chaussez vos pataugasses et partez ou bon vous semble, plus ou moins loin. L'esprit du voyage compte bien plus que la distance. Le mot "Partir" fait du bien. Le monde est plein de voyageurs fous comme nous (et bien pire, oh oui!), les rencontrer vous donne de l'énergie et de la confiance en vous. Suivez leur trace et faites la votre...



PS : 2 rencontres coups de cœur, histoires a suivre sur :

www.open-explorers.com (daniel et sa moto autour du monde)
www.rassurez-vous.over-blog.com (deux jeunes scouts en vadrouille)

mardi 8 septembre 2009

L'Himalaya sous ses premieres neiges


Et non le voyage n'est pas encore terminé!! Route du retour certes mais encore quelques images et anecdotes a vous faire partager. Nous sommes en Septembre, objectif, rejoindre Delhi par la route depuis le monastère de Karsha. Quelques milliers de Km et d'heures de taxi pour retrouver la chaleur de la plaine. En attendant...

Lundi 6 Septembre :

Nous quittons le monastère, une semaine extraordinaire en tête. Amertume légère de partir de ce paradis et de penser au mot "retour", un mot qui sonne mal dans la tête du voyageur.
La route du Zanskar au Laddakh est exceptionnelle. Chaos de pierre, de glace, de torrents tumultueux. L'homme ici reste humble, se faufile discrètement au milieu des éléments déchaînés.

Le passage du Panzi la (col a 4700m) marque la frontière du Zanskar. Encore quelques stupas, quelques monastères puis tout devient différents. Le "petit Tibet" bouddhiste laisse peu a peu place au Cachemire musulman. Les visages féminins se voilent, les barbes s'allongent, les yeux sont plus perçants et plus verts, les pommettes moins rondes et moins rougies par le froid. Après avoir quitte l'Iran en allant vers l'est, nous avons l'impression de faire le lien en retrouvant ce monde oriental que nous avions laissé.
Les vallées ici sont un lieu de passage. Personne ne s'arrête pour rencontrer ces populations oubliées. L'exotisme, la solidarité internationale, le tourisme, se dépêchent de passer au pays d'Allah pour aller plus loin au pays de bouddha, plus exotique, plus attrayant, plus coloré. Le résultat est que cette partie indienne du Cachemire est une zone de l'Inde extrêmement pauvre. Natalité très forte, hivers très rigoureux, aucun revenu autre que l'agriculture. C'est d'ailleurs en ce moment l'époque des moissons. Les Cachemiris, a dos d'homme, ramènent d'énormes quantités de foin avant que la neige ne vienne peindre en blanc ces vallées vertes, remplies de vergers et de champs.

Le Cachemire c'est aussi et surtout un pays de montagnes, de roche et de glace. Le Nun et le Kun (7136m), plus haut sommets de toute la région, véritables forteresses minérales, surveillent les vallées tout autour. L'homme se sent petit, vulnérable, tout est trop puissant, trop grand. 250 km de pierre et de poussiere plus tard, notre vaillant "Tata Sumo" (jeep locale) arrive a Khargil, ville a 600% musulmane, a 3 Km de la ligne de cessez le feu avec le Pakistan. Militaires, garnisons, couleur kaki et camions a la queue leue leue, rien ici ne vous incite a faire la sieste ou a flâner le long des routes. Il faut ensuite piquer plus a l'est sur 200 km pour rejoindre a nouveau le Laddakh.Le trajet donne vraiment l'impression de s'immerger le temps de quelques heures dans un orient différent, celui que l'on nomme "moyen" bien qu'il ne soit pas le moins "extrême".

Au bord des routes travaillent ceux que l'on appelle les "nouveaux esclaves". Ouvriers originaire de l'état du Bihar, issus des plus basses castes, ils travaillent ici des l'age de 15 ans, loin de tout, sans rien ou presque. Hommes a la peu noire chocolat, turbans sur la tete et anorak a bas prix sur les épaules, ils triment du matin au soir pour un salaire de misère, campent sous des toiles rapiécées et se nourrissent d'un chapati (pain local) et de patates. Nous les croiserons souvent, par centaines le long des routes, a raison de 50 hommes pour l'equivalent d'une machine, touillant a la main un goudron bouillonnant dans de vieux fûts noir pétroles, le nez dans les vapeurs toxiques d'hydrocarbures, cassant des cailloux a la main comme les bagnards d'antan, gagnant le droit de rentrer chez eux cet hiver, quelques roupie de plus en poche et beaucoup d'années d'espérance de vie en moins. Tout ceci pour que des milliers de camions et de jeep puissent rouler un peu plus vite et prendre plus de risques. Toutes ces routes magnifiques et périlleuses, ce sont eux qui les ont creusées, il convient ici de leur tirer notre chapeau car personne ne le fera la bas.

Jeudi 10 septembre :

De retour a Leh, 0h30. Nous partons en taxi pour Manali. Toute une journée enferme dans un tombeau a 4 roues et surtout du frisson. Notre chauffeur, jeune tête brûlée attend 3 autres de ses collègues pour former une folle "caravane" de taxis en route pour les hauteurs. Cette bande de grands gamins irresponsable ne trouve rien de mieux que de taper le rallye dans l'ascension du Tanglang la, col a 5300m d'altitude. Au programme, nuit noire, musique a fond, secousses, que dis-je, "vols planés" de bosses en bosses. A droite dans le noir, un vide sidéral nous fait les yeux doux. Les estomacs se nouent, la respiration se fait courte et l'on croise tous les doigts que l'on trouve. 5h plus tard, sans avoir dormi une seconde, c'est la pause déjeuner, vivants...Devant nos protestations polies mais incendiaires, nous changeons de chauffeur. L'allure restera vive, la musique toujours aussi insupportable mais le danger sera moindre.

Alors que nous filons comme des bolides, un autre souci apparaît : la neige. La mousson en retard avait ici rancard avec l'air froid des hauts plateaux tibétains. Moralité, les derniers cols a passer avant de plonger dans l'Inde humide et encore tropicale se sont peints en blanc. Certaines années, des voyageurs finissent leur trajet la, emportés par une coulée de boue ou une avalanche. La nature n'a que faire des horaires et de la valeur de la vie humaine, ici encore plus qu'ailleurs. Nous avons de la chance, la route restera ouverte. C'est dans un flot de boue et sur une route defoncée que nous finirons le trajet, vivants! Notre chauffeur, vaillant, forçât de la route comme tant d'autres, avalera 20 h de conduite et 480 km pratiquement sans pause, sur des pistes ou chaque coup de volant doit être calculé, pour éviter un trou, le ravin ou croiser uh camion trop large.

Manali, la foret est de retour, il pleut a saut...Tout la haut tombe la neige, qui enfermera les habitants du Laddakh, du Zanskar, du Cachemire et d'ailleurs dans une jolie prison blanche pour les 6 prochains mois.




Depart vers Khargil, derniers villages zanskaris.

Quand les retours de vacances croisent les retours d'alpage...

Col du Panzi la a 4700m. Le gigantesque glacier du Drang drung

Une copine de voyage...

Le monastere de Rangdum, dernier village bouddhiste avant le Cachemire musulman

Rangdum le village, au fond le Nun et le Kun (7136m)

Passage au pied du Kun

Le Cachemire et ses vertes vallées

Routes et paysages désertiques du Laddakh


Les "nouveaux esclaves"


Marche de Leh


Le palais royal de Leh

Route Leh Manali, parfum d'automne...

Baracha la, 4600m...

Rothang la, 3900m peut avant Manali

Foret de montagne sur les contreforts de l'Himalaya a Manali



En images...

lundi 7 septembre 2009

Le Zanskar avant que tout n'ait changé



Laissez nous vous raconter un peu l'histoire du Zanskar, vieux royaume perdu et longtemps ignoré, au milieu d'un monde froid et minéral, celui de l'Himalaya.

Le
Zanskar ce sont trois vallées formant un grand Y, barrées par de hauts cols couverts de neige pendant l'hiver. Le Zanskar c'est un fleuve qui rejoint la ville de Leh au Laddakh en se frayant un chemin parmi des gorges accidentées ou aucune route ni chemin ne passe (pour l'instant).

1970 : Quelques anthropologues
motivés et obstinés viennent découvrir ce paradis perdu. En 1977 parait une série de reportages réalises par le français Michel Peissel intitulés : "Le Zanskar, le dernier endroit ou le monde tourne rond". A cette époque les zanskaris se déplacent uniquement a cheval, franchissant des passerelles de cordes plus que périlleuses. Bêtes et hommes se soignent parfois au fer rouge. Polygamie, polyandrie et mariages forcés sont de mise dans les familles, notamment pour réguler les naissances. Les habitants portent le manteau et le chapeau traditionnels, aux bords relevés de meme que les bottes en feutre. Seules quelques jeep téméraires réussissent alors a rejoindre en été cette enclave.

Olivier
Folmi, photographe français, viendra lui dans les années 80 faire de sublimes photos, que vous avez sans doute déjà tous vues, dans les vitrines des librairies de France et de Navarre ou sur des cartes postales. Photos de ce peuple qui chaque hiver emprunte a pas de loup le fleuve gelé, aux mois de janvier et février, pour rejoindre la ville de Leh, seul moyen de communication avec l'extérieur.

Au meme moment
déboulent au Zanskar des agences françaises de trekking qui s'emparent de ce gâteau juteux. Rêve, authenticité et dépaysement garanti, accessible pour tous les fanas du trekking.

Aujourd'hui tout change très vite au
Zanskar. Les routes goudronnées se multiplient, les ponts en ferraille ont remplace les passerelles, les chevaux ont laissé la place aux jeeps et aux camions, les chemises a carreaux et la sempiternelle casquette américaine sont légion. Les époux se marient le plus souvent d'un commun accord. La médecine locale s'est perdue et les zanskaris lorsqu'ils toussent vous demandent un cachet contre la toux, au cas ou il vous en resterait dans votre pharmacie de voyage. Le savoir ne se transmet plus et la globalisation, tsunami infatigable, est arrivée certes un peu en retard, jusque dans les vallées reculées de ce royaume, rattaché a l'Inde en 1947..

En 2005,
Padum la capitale (une rue commerçante en tout et pour tout) de ce "pays" de 180 000 habitants peine a avoir l'électricité 3 heures par soir.

2009, le téléphone portable arrive, l'électricité fonctionne (plus ou moins, nous sommes en Inde quand même) et une route pour rallier
Leh a Padum en 6h est en construction.

Le
Zanskar c'est aussi ce"petit Tibet", rempli de "gompas", ces fameux monastères bouddhistes qui depuis 1000 ans s'agrippent sur ces terres froides et désolées et qui ont fait l'identité de cette région. Depuis 2005 notre association "Solidarijeune" soutient l'un de ces monastères (le plus grand du Zanskar, datant du 11eme siècle), A Karsha. Coup de cœur d'un bande de jeunes occidentaux, avides de rencontre, de dépaysement, le tout en se rendant utile. De l'autre coté des moines bien heureux d'avoir trouve un soutien financier sonnant et trébuchant pour la réalisation d'une partie de leur projet. Bénéfice mutuel et intéressement bien légitime pour une communauté qui ne reçoit aujourd'hui aucun soutien au plan local, car le Zanskar est rattaché au district 100% musulman du Jammu et Cachemire. Ici Mahomet et Bouddha se télescopent dans une entente pas vraiment cordiale.

Nous passerons cette fois ci une semaine a Karsha, au cœur de la vie monastique. Une semaine exceptionnelle puisque nous avons eu la chance de tomber en pleine réalisation du mandala, cette représentation en 2 dimensions et en sable colore du palais de Bouddha. Trois jours de réalisations, sept de prières, puis cette œuvre d'art finira dans la rivière, le but étant de démontrer l'impermanence des choses et des phénomènes.

Une semaine au monastère, a rigoler a gorges déployées avec ces moines au sourire éclatant et a la bonhomie permanente. Une semaine étrange, a regarder ces gens méditer et psalmodier a longueur de journée, le temps d'une vie, en avalant des litres de thé au beurre (les braves!!!) et en mangeant des boulette de "Tsampa" (farine d'orge, base de l'alimentation des zanskaris encore aujourd'hui).

Bichonnes nous le fumes. Visite guid
ée des villages et monastères alentours. Repas de choix avec parfois quelques surprises du terroir (le riz au beurre de yack laissera un souvenir terrible).

Conditions de vie encore très rudes pour ces moines dans un Zanskar en pleine mutation. Padum attend aujourd'hui l'ouverture de la route avec impatience. Pour ne plus avoir a passer par le Cachemire musulman et s'ouvrir d'avantage sur le Laddakh bouddhiste, ne plus avoir deux jours de route pour faire plus de 450 km entre Padum et Leh alors que les deux villes sont toutes proches.

Mais l'ouverture de cette route changera a jamais le visage de ce petit paradis perdu qui risque de ressembler a tout ce que notre siècle a uniformis
é. Désir égoïste d'un occidental de conserver dans cette région du monde une authenticité que nous avons perdus chez nous depuis trop longtemps.

Volonté bien naturelle d'un peuple aux conditions de vie trop rudes de ce moderniser. Accepterions nous de vivre par - 30 deg, coup
és du reste du monde 6 mois par an, a cuisiner au feu de bouse de Yack ? Non sans doute, mais de tels changements vous interpellent et vous font demander ce que notre civilisation laissera de bon une fois passe sur ces siècles de culture et de traditions.


Récolte des bouses fraîches avant l'hiver, combustible pour la cuisine

Maison traditionnelle au Zanskar.

La banane, en toute circonstance, ici pour gouter le "JO", yaourt fermente ma foi assez delicieux


Un Yack!!


Notre chambre au monastere



Preparation de sculptures en pate de farine d'orge et beurre pour les prieres.

Septembre, epoque des moissons (orge et petits pois)








Realisation du mandala


Fresques murales vieilles de 900 ans, peinte a l'epoque par des Cachemiris

Prieres autour du mandala acheve
Preparation des offrandes pour la priere (orge, riz, eau, huile, beurre...)


Vue depuis le monastère. Ce matin, il a neige!!!


Notre equipe de cuisto. Rires et cours de cuisine.


La releve

Visite du monastere de Tongde...


...en compagnie de l'abbe de Karsha, Geshe Lobsang Ketup!

Vue du monastere depuis le village




La nouvelle cuisine et salle a manger, financée par l'association

Lever de soleil et appel a la priere





Non loin de Padum

Village de Pibitting



Lever de soleil en son et image